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La gale des oreilles, encore appelée otacariose, est une affection relativement fréquente chez les chatons (environ 1/3 seraient infestés), les chats vivant en collectivités, et ceux qui passent beaucoup de temps dehors, en contact avec leurs congénères. Plus d’une otite externe sur deux est due à une otacariose.

 

 

L’agent responsable

 

L’agent responsable de l’otacariose est un petit acarien parasite appelé Otodectes cynotis. Les acariens adultes vivent dans le conduit auditif, et les femelles y pondent des œufs, lesquels donnent après quelques jours (4 à 5) des larves, qui se transforment ensuite en nymphes, puis en adultes. La boucle est bouclée en 2 à 3 semaines, et un nouveau cycle peut commencer.

Le conduit auditif représente un milieu particulièrement favorable aux parasites : chaud, humide, riche en « nourriture », à savoir débris cutanés, cérumen, sang, etc.

Le parasite survit peu dans le milieu extérieur, mais certains s’en échappent pour aller contaminer l’autre oreille, ou d’autres hôtes (carnivores) par contact avec le pelage où attend l’acarien.

 

 

Quels sont les symptômes d’une otacariose ?

 

L’infestation entraîne une inflammation chronique des conduits auditifs, à l’origine d’une otite externe assez prurigineuse (fortes démangeaisons) le plus souvent bilatérale.

Le conduit auditif est rempli de cérumen brun foncé à noirâtre, assez abondant ; la muqueuse du conduit est souvent congestionnée, et lorsque l’on introduit une curette ou un coton-tige dans l’oreille, cela engendre un réflexe de grattage du membre postérieur (= réflexe audito-podal).

Les démangeaisons sont souvent très intenses, notamment chez les jeunes chats, jusqu’à entraîner des plaies dues aux griffes à l’arrière des oreilles et sur les pavillons auriculaires. C’est d’ailleurs souvent ce premier signe qui alerte le propriétaire et motive une consultation.

Parfois, en se secouant violemment la tête, le chat peut expulser des parasites hors du conduit, et ceux-ci se retrouvent sur le pelage, occasionnant parfois du prurit et quelques lésions cutanées en région lombaire, dans le cou, à la base de la queue...

 

 

Comment pose-t-on le diagnostic d’otacariose ?

 

Au vu des symptômes décrits ci-dessus, le vétérinaire peut tout au plus avoir une suspicion de gale des oreilles, mais le diagnostic doit être confirmé. En effet, la présence de cérumen brunâtre ou noirâtre n’est pas unilatéralement synonyme d’otacariose. Certaines otites allergiques sont également très prurigineuses, et l’otite fongique à Malassezia pachydermatis entraîne des symptômes similaires (parfois même, elle vient compliquer une otacariose).

L’examen auriculaire avec otoscope ou vidéo-otoscope permet quelquefois de visualiser directement  le parasite, sous forme de petits points blancs ou bruns qui bougent dans le cérumen. Cependant, l’observation d’œufs, de larves ou de parasites adultes au microscope sera nécessaire pour confirmer l’infestation.

 

 

Quel traitement ?

 

Le traitement doit prendre en compte trois volets :

 

Tuer les parasites :

Le parasite est facilement détruit par les produits acaricides. Actuellement, le traitement de choix repose sur l’emploi de molécules en spot-on (pipettes contenant un antiparasitaire que l’on dépose sur la peau, entre les omoplates de l’animal, à un endroit où ce dernier ne peut se lécher). Ce traitement est particulièrement adapté aux animaux adultes qui ne se laissent pas facilement manipuler. Il est à renouveler au bout d’un mois.

Les produits acaricides peuvent également être appliqués localement, directement dans le conduit auditif, après lavage soigneux de celui-ci avec une solution nettoyante permettant l’élimination des débris accumulés. Habituellement, ce traitement doit durer au moins 3 semaines, de façon à couvrir un cycle parasitaire ; si le traitement est arrêté prématurément, les récidives sont fréquentes. Or, cela peut s’avérer compliqué et délicat chez certains animaux.

Comme la gale peut se transmettre d’une oreille à l’autre, il est recommandé de traiter les deux oreilles en même temps.

L’idéal est de pouvoir combiner traitement général et traitement local pour venir plus sûrement à bout de l’infestation.

 

• Éviter la réinfestation :

-> En menant le traitement à terme

-> En traitant aussi l’environnement avec des acaricides, c’est-à-dire tapis, panier, lieux où dort le chat... (surtout valable dans les collectivités)

-> En surveillant de près les autres carnivores du foyer, et en les traitant aussi le cas échéant.

 

• Gérer l’otite

Les surinfections fongiques ou bactériennes sont possibles, et risquent d’entretenir le cercle vicieux. Des antibiotiques ou antifongiques locaux pourront donc être ajoutés au traitement acaricide.

En cas de prurit important, et de blessures auto-infligées par grattage, il pourra être nécessaire de donner un traitement anti-inflammatoire à l’animal, voire de lui faire porter une collerette (mais les chats détestent en général !)

En tout état de cause, ne pas hésiter à vous faire expliquer précisément le traitement, ou à interroger votre vétérinaire si vous avez l’impression de ne pas venir à bout de l’otacariose.

 

À retenir :

L’otacariose se soigne d’autant mieux qu’il existe désormais un traitement applicable par voie générale. Le pronostic est très favorable en milieu familial, plus délicat en élevage, où les mesures mises en place devront être scrupuleusement suivies.

Il n’existe pas vraiment de prévention, hormis une inspection régulière et soigneuse des conduits auditifs de votre animal. En y habituant votre chat dès son plus jeune âge, il sera plus facile d’agir rapidement en cas d’infestation, et de manipuler votre animal s’il a besoin d’un traitement local.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

22/02/2021